Phytothérapie
Galéga
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Un Allemand de la Renaissance, Camerarius, s’illustra par ses études du Galéga, herbe précieuse qui donnait du lait aux nourrices. Inutilisée de nos jours, la plante garda longtemps cette grande réputation. On la disait aussi sudorifique et antipoison.
A l’époque moderne, on a constaté, à la suite des travaux de Tarret, Simonnet et Paturier, que le Galéga avait une action sur le métabolisme hydrocarboné. Il active le métabolisme des glucides, en même temps que celui des protides et des lipides, et augmente ainsi la tolérance des diabétiques à l’égard des hydrates de carbone. Il permet de prévenir les accidents acidosiques. Paturier, pour sa part, le considérait comme un véritable succédané de l’insuline. Toutefois, non absolument dénué de toxicité, le Galéga ne doit être utilisé qu’avec précaution.
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Garance
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A la Renaissance, on l’utilisait contre toutes les hémorragies et pertes de sang, puisqu’on attribuait aux plantes des propriétés en fonction de leur couleur ou de leur forme. Raspail l’utilisait contre le rachitisme et les affections osseuses qui lui sont imputables. D’autres la recommandaient contre la jaunisse, l’anémie et les dartres. Leclerc, enfin, en 1933, confirma ses propriétés diurétiques. C’est pour ses dernières propriétés que les Arabes l’emploient encore, ainsi que pour faciliter l’accouchement, en décoction de 20 g de racine par litre.
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Lampsane
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Comme l’indique son nom populaire, la Lampsane est très estimée pour ses propriétés émollientes et résolutives, qui la fond employer, appliquée en cataplasme, dans les engorgements des seins des nourrices et de jeunes accouchées.
Mais elle est aussi recommandée contre les insuffisances hépatiques et contre la constipation.
Enfin, la Lampsane est une des plantes antidiabétiques : elle fait baisser le taux de sucre et calme les démangeaisons qui accompagnent souvent le diabète.
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Origan
Les sommités fleuries de l’Origan sont très renommées contre l’inflammation aigüe et chronique des bronches. Expectorantes, elles sont aussi sédatives de la toux et constituent un excellent traitement des maladies des voies respiratoires, un des plus agréables aussi.
Dioscoride disait déjà de lui qu’il était un des meilleurs remèdes pour ceux qui ont perdu l’appétit. Il est, en effet, un apéritif remarquable, en même temps qu’il facilite la digestion en stimulant les estomacs paresseux et qu’il lute contre la constipation.
Le Dr Leclerc la recommande particulièrement aux estomacs atoniques et dilatés. Il jouit aussi de propriétés stimulantes et même excitantes qui le font recommander aux asthéniés et aux jeunes filles alanguies par leur formation, dont il facilite les règles.
On l’emploie également dans le rhumatisme aigu ou chronique, non seulement sous forme de tisane, mais aussi en applications chaudes sur le membre douloureux. Les sommités fleuries fraîches entrent dans « l’alcoolat vulnéraire » (ou « eau d’arquebusade ») et, sèches, dans les « espèces vulnéraires », tous deux préparés par l’officine.
Ellebore Noir
Vénéneuse, la plante est un purgatif extrêmement violent. Chez les Hindous, le livre de Susruta, où sont énumérées 760 plantes, cite l’Ellébore comme hallucinogène. Avec Hippocrate (Vème s. av. J.-C.) apparaît la théorie de la « bile noire », source de diverses maladies, dont la mélancolie et la folie furieuse. L’Ellébore, purgatif drastique, semble tout indiqué pour débarrasser l’organisme de cette fameuse « bile noire ». Les druides l’utilisaient aussi pour combattre les maladies mentales et guérir la folie. La foi en cette propriété fut longtemps conservée dans les campagnes : le bon La Fontaine ne nous en fait-il pas part dans ses fables ? Au XIXème s., Pinel, ce médecin si humain qui fit tomber les chaînes des aliénés, s’attacha à l’étude de l’Ellébore. De nos jours, cette plante dangereuse n’est plus jamais utilisée pour l’usage interne. Et, bien que Cazin recommande la décoction de racines en lotions comme étant un excellent remède contre les dartres invétérées, mieux vaut peut-être employer un traitement moins dangereux…
L’Ellébore blanc (Veratum album) ou Vératre, appelé aussi Varaire, de la famille des Colchicacées, est une plante vivace des hautes montagnes de l’Europe. Elle possède des feuilles plissées et des fleurs blanchâtres. On utilisait la racine, à la fois purgatif et émétique violent. On en faisait aussi des pommades contre la gale et les dartres. Bien trop dangereux, l’Ellébore blanc n’est plus employé de nos jours, comme d’ailleurs l’Ellébore noir.
Lierre grimpant
De tout temps, le Lierre attira l’attention de l’homme. Les anciens Egyptiens l’avaient consacré à Osiris. Pour les Grecs, il préservait de l’ivresse et symbolisait la victoire du guerrier. C’était aussi une des plantes de la pharmacopée des druides. Attribut des petites divinités secondaires, le Lierre était utilisé au point de vue médicinal contre la toux, la coqueluche et – déjà – contre la cellulite ; mais il fallait cueillir ses feuilles sur la tête d’une statue et les appliquer sur le front, enfermées dans une étoffe de couleur rouge…
L’écorce fut utilisée contre la syphilis et contre les dartres.
Les baies sont purgatives et émétiques. Employées autrefois en infusion, elles ne sont plus jamais utilisées de nos jours, car elles sont toxiques et ont déjà causé la mort accidentelle d’enfants imprudents.
Le bois du Lierre était renommé, en médecine populaire, contre la coqueluche et les toux quinteuses : certains paysans utilisaient un gobelet creusé dans le tronc d’un vieux Lierre et y mettaient à macérer du vin destiné au malade. Au Maroc, de même, on utilise couramment l’extrait du vieux tronc de Lierre. Cette observation a conduit un médecin de Bordeaux, François Leuret, à mettre au point une teinture de Lierre grimpant contre les quintes de toux, et un laboratoire pharmaceutique à commercialiser l’extrait.
Mais la grande victoire thérapeutique du Lierre demeure la cellulite. Beaucoup de pommades anticellulites du commerce sont à base de Lierre grimpant. La plante détend la peau crispée et surtout calme les douleurs provoquées par la cellulite. Elle diminue l’empâtement de façon notable et assouplit les régions envahies par les nodosités et les placards caractéristiques de cette maladie du tissu conjonctif. Elle agit de façon remarquable aussi sur les vergetures provoquées par la distension des téguments (grossesse, obésité). C’est, en plus, un excellent remède des douleurs rhumatismales, des névralgies, du lumbago, de la sciatique.
Germandrée
Déjà en honneur comme fébrifuge chez les anciens Egyptiens, la Germandrée possède les propriétés communes aux plantes amères et aromatiques, c’est-à-dire qu’elle est tonique, apéritive, fébrifuge et qu’elle stimule la digestion. Elle combat la paresse de l’estomac, celle du foie et de l’ensemble du tube digestif (la Germandrée entre d’ailleurs dans la composition de divers apéritifs et liqueurs digestives : vermouths, Chartreuse). On la recommande aussi contre la bronchite, le rhumatisme et la goutte.
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L’Ivette musquée (Teucrium iva), préconisée par les Arabes contre le choléra, est très employée aussi par eux contre d’autres maladies. Contre la piqûre de scorpion, ils font boire, aussitôt après la piqûre, une décoction de Germandrée ivette (Teucrium chamoepitys).
La Germandrée aquatique ou Germandrée d’eau (Teucrium scordium) dégage, quand on la froisse, une odeur d’ail que n’a pas la Germandrée Petit Chêne. On l’emploie pour les mêmes usages, mais aussi à l’extérieur en lotions contre les ulcères et, autrefois, contre la gangrène.
Mélisse
Les médecins arabes ont vanté les vertus de cette plante antispasmodique de grande réputation. Au XVIIème siècle, elle était l’arme des médecins pour lutter contre la dépression nerveuse, qui apparaît, par conséquent, ne pas avoir été seulement la maladie de notre siècle.
On la recommande de nos jours dans les digestions pénibles, les troubles digestifs avec palpitations, les vertiges les syncopes. Des travaux modernes ont prouvé que la fleur de Mélisse excite la sécrétion hépatique en augmentant le flux biliaire : il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’elle agisse aussi dans les troubles nerveux, si souvent liés à une insuffisance hépatobiliaire.
Elle est efficace aussi contre les crises de nerfs et contre les petits accidents nerveux tels que ceux qui accompagnent ou précèdent la fonction menstruelle. La Mélisse est la base de la célèbre « eau des Carmes » qui, au XVIIème siècle, était le véritable « or portable » du frère Ange.
Verge-d’or
La Verge-d’Or est à la fois astringente, ce qui la fait utiliser dans les diarrhées diverses, et diurétique, donc recommandée dans les maladies des reins et de la vessie. Elle possède, d’autre part, une action cholérétique et antiallergique non négligeable.
On l’emploie dans l’entérite muco-membraneuse, la diarrhée des tuberculeux, les diarrhées des enfants au cours de la dentition, les entérocolites. Elle est très efficace dans la cystite, la gravelle, la néphrite calculeuse, l’albuminurie, l’hydropisie. Puisqu’elle agit aussi dans les inflammations intestinales, on l’emploiera, de préférence, lorsque l’affection des reins ou de la vessie s’accompagne de colite (colibacilloses). Augmentant modérément le flux biliaire, elle draine ainsi le foie et les reins, ce qui la rend précieuse dans toutes les maladies de surcharge (pléthore, cellulite, etc.).
A l’extérieur, la plante était jadis utilisée comme vulnéraire pour aider la cicatrisation des plaies, nettoyer les vieux ulcères des jambes et ceux de la bouche, raffermir les gencives qui saignent.
Drosera
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Cette plante aux mœurs étranges et carnivores, très grêle, habite les marécages et les tourbières des régions tempérées et chaudes.
Au contact d’un insecte, la feuille ouverte se referme en emprisonnant sa proie, qui est tuée et digérée ensuite par le liquide acide, riche en pepsine, que secrètent ses glandes et qui a valu à cette tueuse le nom poétique d’Herbe à la rosée. Après la digestion de la victime, le piège se rouvre, prêt à fonctionner par la médecine.
Décrite à la Renaissance par Clusius et Dodoens, cette plante curieuse attira l’attention de Darwin. La plante fraîche renferme un principe possédant des propriétés rubéfiantes, d’après Brissemoret, mais qui ne sont pas retenues par la médecine.